La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"Quand on n'a que l'humour..." Amélie Antoine

"Peut-être qu'on peut étouffer, s'asphyxier de tout ce qu'on n'a pas eu le temps de dire, de tous les reproches qu'on n'a pas osé balancer, des tous les non-dits qui se sont accumulés sans qu'on ait jamais le courage de crever l'abcès."

 

 

C’est l’histoire d’un humoriste en pleine gloire, adulé de tous, mais qui pense ne pas le mériter.
Un homme que tout le monde envie et admire, mais que personne ne connaît vraiment.
Un homme blessé qui s’est accroché au rire comme on se cramponne à une bouée de sauvetage.
C’est aussi l’histoire d’un garçon qui aurait voulu un père plus présent.
Un garçon qui a grandi dans l’attente et l’incompréhension.
Un garçon qui a laissé la colère et le ressentiment le dévorer.
C’est une histoire de paillettes et de célébrité, mais, surtout, l’histoire d’un père et d’un fils à qui il aura fallu plus d’une vie pour se trouver.

"Si j'arrive à passer au-dessus du titre, tout ira bien". C'est vrai, quoi, on ne touche pas au grand Jacques, parole de belge, et on ne détourne pas ce si joli titre, même si c'est la chanson préférée de Madga, non mais oh! Vous l'avez compris, si le petit air d'Effroyables jardins du pitch m'avait donné envie de découvrir ce roman, je n'y allais pas non plus en sifflotant, en pleine confiance. Au-delà du titre, j'avais très peur de me retrouver dans un de ces feel good books à la mode, encensés partout et pourtant si creux à mes yeux ou, pire encore, dans un roman d'humour (rien qu'à l'écrire, je... brrr....). Ce n'est un secret pour personne : je ne suis pas une rigolote, et depuis La Cité de la peur, je n'ai plus jamais éclaté de rire au cinéma, c'est dire... Bref.

Quelques pages à peine, et puis b-b-b-b-b-ordel-de-merde, bam, en plein coeur, par surprise. Bien plus que son quotidien d'humoriste en pleine gloire qui remplit le stade de France, avec un je-ne-sais-quoi de tous ces comiques français que je déteste (ouh! ouh! la vilaine!), ce sont les souvenirs d'enfance d'Edouard qui m'ont touchée, et qui m'ont fait plonger la tête la première dans cette histoire. Alors, oui, j'ai tiqué plus d'une fois dans la première partie, parce que l'alternance passé-présent, ça me gonfle, à force, et surtout parce que le procédé de transition-reprise m'a semblé redondant/chiant/scolaire/inutile/chiant (aucune mention inutile à biffer, merci) mais qu'importe. Ca sentait mes dix ans, ce passé-là, les matins où il ne fallait pas faire de bruit parce que mon père avait fait la nuit, la maison hantée du village autour de laquelle on tournait des heures, sans jamais oser en franchir la porte, nos bêtises dans la cour de l'école, avec monsieur l'instituteur en tablier et puis, tristement intemporelle, la méchanceté des ces adultes en devenir, leur mesquinerie aussi, et leur inconscience. Alors, quand survint le drame, je n'ai pas été surprise, non, et c'est encore bien pire, à bien y penser...

La surprise, elle est venue du cut, de cette seconde partie qui arrive comme un cheveu dans la soupe, et Dieu que c'est bon, les cheveux dans la soupe, quand on trouvait que le récit commençait à ronronner et à aller là, où, pitié, on n'avait pas trop envie de le voir partir... Noir. Boum. Pas de twist de dingue, ou de retournement de situation complètement abracadabrantesque ici, juste un changement narratif (vous voyez au moins les efforts que je fais pour ne pas trop en dévoiler?) qui offre un éclairage nouveau, sur ce qui précède mais aussi sur ce qui va suivre. Bien joué.

Mais Quand on n'a que l'humour est bien plus qu'un tour de passe-passe formel réussi (passe-passe, humoriste, clown, tout ça...), c'est un joli roman sur le gâchis, le temps qui passe et emporte avec lui les rires des enfants, un roman sur l'amour, malgré tout, presque un roman d'amour, d'ailleurs, mais pas toujours celui que l'on croit. Et pas culcul-la-praline ou tire-larmes, ouf (même si, j'avoue, une petite larmichette a coulé quand même, à cause d'Ethan. Un petit air de La Ballade de l'enfant-gris, soudain, et hop...). C'est un roman sur trois générations d'hommes, aussi, des frères, des pères, des fils, un peu malmenés par la vie, attachants, touchants, maladroits, entourés par de magnifiques personnages secondaires féminins, Madga en tête.

Si j'arrive à tourner la dernière page le sourire aux lèvres et les yeux mouillés, tout ira bien. Tout va bien.

Une jolie lecture que j'ai eu le plaisir de partager, un peu, avec Fanny.

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K
Je lis tout plein de billets sur ce roman ces temps-ci... et du coup, j'ai limite envie de le lire... et vite !
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B
j'adore la première phrase de ta chronique, un beau clin d’œil à celles et ceux qui l'ont déjà lu :)
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L
:-)
J
Sans ton billet, je n'aurais jamais eu l'envie de découvrir ce roman ..... Maintenant, hop ....Je le note .....:)
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L
Je me réjouis d'avoir ton avis, Jacqueline!
N
Ah ben mince alors... J'ai comme l'impression qu'il me le faut...!
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L
Aha, tu me diras!