La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"Son of a gun", Justin St.Germain

"Son of a gun", Justin St.Germain

""Pourquoi" est un mot tellement con".

Septembre 2001. Alors que les Twin Towers viennent d'être attaquées à New York, un autre drame, plus intime, se joue à Tombstone, en Arizona. Debbie, la mère de Justin St. Germain, est retrouvée morte dans sa caravane, le corps criblé de balles. Son cinquième mari, Ray, est introuvable. Dix ans plus tard, Justin revient sur ce tragique événement, redécouvrant les paysages désolés de son enfance et ceux qui les ont peuplés, fouillant le passé pour tenter de comprendre l'inson­dable : la descente aux enfers d'une femme instable, fragile malgré les apparences, et aimante. Sa mère. Que Debbie ait été tuée à Tombstone – ville qui fut le théâtre de la fameuse fusillade d'O.K. Corral – prend alors une autre di­mension...

Et une critique en mode , une!

Si j'étais juré dans la célèbre émission culinaire de TF1 (oui, je sais. Mais j'assume. Je suis en VACANCES, je suis fatiguée, mon mononeurone est en plein bad trip, je regarde ce que je veux à la télé, et je  ceux qui ne sont pas contents!). Si j'étais juré, donc (mais plutôt Jean-François Piège qu'Hélène Darroze, faut pas pousser non plus), je dirais ceci, après avoir dégusté, à l'aveugle, Son of a gun :

"Techniquement, c'est bien exécuté, rien à dire. On sent le travail, l'expérience, les années passées à tailler des juliennes de légumes et des carpaccios de boeuf"  Le roman est bien écrit, c'est vrai, on ne peut rien lui reprocher à ce niveau là. Le style, la construction, un certain sens de la formule, tout y est.

"Par contre, ça manque de peps, c'est pas sexy, quoi, comme plat. Il manque un twist, peut-être un zeste de kumbawa?" C'est joliment écrit, mais c'est plat. On tourne les pages sans déplaisir, mais sans grande envie non plus. L'écriture est lisse, malheureusement l'histoire aussi. Sans doute trompée par la quatrième de couverture, je ne m'attendais pas à ce que que j'ai lu. Jai attendu que les choses démarrent, longtemps, avant de comprendre qu'elle ne démarreraient jamais, et pour cause. C'est l'histoire d'un gamin devenu adulte, et de son amour pour sa mère. Son amour blessé, en miettes, malmené par le temps et leur histoire familiale, mais son amour fou, et son chagrin, qui l'est tout autant. Et c'est très beau, cette quête, cette recherche de ce qui a bien pu se passer pour en arriver-là, pour que sa mère meurt sous les balles de son amant, au fond d'un mobil-home dans le trou du cul de l'Amérique. Seulement, bah, il ne se passe rien, ni concrètement dans l'histoire, ni même dans une dimension plus critique, plus polémique qui aurait, pour moi, amener un vrai plus à cette sordide histoire. Bien sûr, c'est un récit autobiographique, bien sûr. Mais quand même.

"Y'a trop d'informations, on ne sait plus trop où l'on va gustativement parlant, et c'est dommage. Il faut te recentrer si tu ne veux pas finir en dernière chance."  L'ambiance y est : Tombstone, l'Arizona profond, pour un peu, on entendrait les portes du saloon grincer. Mettre en rapport sa tragédie personnelle et le drame qui est à l'origine de la célébrité (toute relative) de l'endroit où il a eu lieu, c'est une bonne idée. Mêler passé et présent aussi, mais trop de Ok Corral tue OK Corral, man. L'Histoire, c'est bien, mais si j'ai envie d'en savoir plus sur Wyatt Earl, Wikipédia est mon ami, tu sais.

"Il faut le lâcher, tu dois mettre ton âme dans ta cuisine, tu sais, on doit sentir ton amour des produits. Tu peux le faire, je crois en toi". Go Justin, go!

Et en images, ça donne quoi?

Quand ce roman dont j'adorais le titre et la couverture est arrivé à la maison

Quand j'ai lu les premières pages et que j'étais encore pleine d'espoir

Quand j'avais l'impression de lire une biographie de Wyatt Earl

Quand arrivait le 36ème passage consacré à la fusillade d' Ok Corral

Quand je pense à la culture des armes à feu aux USA

Quand je pense à Justin St-Germain, malgré tout

Si je voulais être de mauvaise foi, ce qui ne me ressemble pas du tout

Quand je réfléchis à ce que je vais faire dans les prochains jours et que je vous dis " à bientôt"

Edit : l'avis de Maxime F.

Pour ma part, j’ai finalement peu apprécié ce livre pour ses descriptions trop nombreuses, pour sa lenteur et son manque d’action, pour son résumé apéritif qui met l’eau à la bouche pour pas grand-chose et surtout pour la fin. Je crois que c’est en le lisant que vous comprendrez mon point de vue car vous l’expliquer révèlerait la fin.

Je crois que ce qui fait sa singularité c’est son mode de narration particulier et le fait qu’on s’intéresse plus à la vie de la victime que celle du tueur. C’est surtout la narration que je n’ai pas trop aimé. Le fait de passer d’une histoire à l’autre avec pour seul repère un écart dans le texte et encore(p169) car la police de texte, ne change pas ni le chapitre, c’est assez perturbant.

Edit : l'avis de Louis R.

 J’ai bien aimé le livre, on sent que l’auteur est sincère avec nous et j’apprécie aussi le fait que ce ne soit pas une énumération d’évènements, il nous les raconte de la manière dont il les a vécus personnellement, ce qu’il ressentait. On voit donc forcément l’histoire à travers ses yeux, et ça me plaît. En lisant cette autobiographie, j’avais en réalité l’impression de lire un roman, ce que je lis plus volontiers.

J’ai également apprécié le fait que Justin Saint Germain nous aide à comprendre la sensation qui est ressentie lors de la perte d’un être cher et proche, comme sa mère l’était de lui. On voit comme la douleur peut être forte, même si il ne la voyait plus si souvent depuis qu’elle habitait quasiment seule avec son mari dans un endroit encore plus reculé et perdu que Tombstone et que lui était parti à Tucson. Et on voit comme cette douleur peut durer car 10 ans après, on comprend qu’il ne s’est toujours pas entièrement remis de la mort de sa mère.

J’ai en revanche moins aimé le fond de l’histoire, en particulier la fin, par laquelle j’ai d’ailleurs été plutôt déçu. Il nous tient en haleine durant toute durant toute la deuxième partie, on attend le dénouement et savoir enfin comment s’est finalement déroulée la mort de Debbie. Evidemment, c’est compréhensible étant donné que lui-même ne connaît pas ces circonstances, et qu’il s’agit d’une autobiographie et non d’un roman, il n’allait donc pas inventer les circonstances de sa mort.

La deuxième partie m’a aussi moins plu de manière générale que la première car il se passe moins de choses concrètes, il rencontre des personnes du passé afin de se remémorer sa vie d’avant et pour comprendre sa mère tandis que la première relatait une succession d’évènements successifs qui amenaient plus d’action et donc de dynamisme à l’ensemble.

Aussi je n’ai pas aimé le fait qu’il développe largement certains incidents qui n’ont pourtant pas grande importance sur le déroulement de l’histoire alors qu’il zappe presque la fin du livre, quand il explique qu’au final il ne sait pas ce qui est réellement arrivé, et qu’il ne le saura probablement jamais . C’est ce qui conclut son ouvrage et ça ne prend pourtant que l’équivalent d’une page tout au plus quand d’autres choses sans grand intérêt en duraient facilement une dizaine.

Son of a Gun reste un livre qui m’a fortement plu malgré tous ces petits reproches qui sont vite effacés par la beauté générale de celui-ci. Beauté qui est d’autant plus agréable que les faits relatés se sont réellement passés, ce qui donne tout-de-même une autre saveur à l’ensemble

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Hahaha les gifs .....Un roman lu "sans déplaisir mais sans grande envie non plus " .... voilà qui ne me tente pas du tout.....:)
Répondre
L
Disons qu on peut facilement s en passer;-)
M
La 4e de couv. est trompeuse... Je m'attendais à autre chose. Au final, une lecture mi-figue mi-raisin.
Répondre
L
Pareil, j ai été trompée et je n ai pas trop aimé ça :p
D
Ha ha ! Top Critique ;-)
Répondre
L
Merci :-)