23 Septembre 2015
" Parfois on n'arrive à évaluer la vitesse d'un courant que lorsqu'on est sur le point de basculer dans une chute d'eau".
À New York, Kate élève seule sa fille de 15 ans, Amélia. En dépit d'un rythme professionnel soutenu, elle parvient à être à l'écoute de cette adolescente intelligente et responsable, ouverte et bien dans sa peau. Très proches, elles n'ont pas de secrets l'une pour l'autre. C'est en tout cas ce que croit Kate, jusqu'à ce matin d'octobre où elle reçoit un appel de l'école. On lui demande de venir de toute urgence. Lorsqu'elle arrive, Kate se retrouve face à une cohorte d'ambulances et de voitures de police. Elle ne reverra plus jamais sa fille. Amélia a sauté du toit de l'établissement. Désespoir et incompréhension. Pourquoi une jeune fille en apparence si épanouie a-t-elle décidé de mettre fin à ses jours ? Rongée par le chagrin et la culpabilité, Kate tente d'accepter l'inacceptable... Mais un jour, elle reçoit un SMS anonyme qui remet tout en question : "Amélia n'a pas sauté".
Salut les bouffons!
Bienvenue dans la chronique 2.0 d'un roman dans l'air du temps, un roman mêlant statuts facebook, pages de blog, conversations sms, un roman où l'on parle "jeune", des fois, genre grave jeune, quoi, même, avec des daron et des reum, genre. Un roman plus profond qu'il n'en a l'air, un roman à la frontière des genres, des âges et des ressentis. A mi chemin entre stupeur, tendresse et suspense (et un peu de larmes aussi, à la fin, j'avoue), Amélia est (pour l'instant) ma meilleure surprise de la rentrée littéraire 2015 .
Alors non, ce livre n'est pas un thriller, même si la question du "mais que s'est-il donc passé" hante tout le roman. Evidemment, on veut connaître la vérité, mais finalement qu'importe, puisqu'Amélia est morte depuis la dixième page, et que, malgré cette petite voix en nous qui voudrait tellement que, on sait que les miracles n'existent pas. Ce livre n'est pas non plus un roman "sur l'adolescence", une thématique éculée et pourtant très à la mode, même si, oui, Amélia est une ado lambda, à l'âge des premières amours (pas toujours celles que l'on croit), des premières "bêtises", des questionnements et des rebellions. Ce n'est pas un livre sur le harcèlement scolaire, Dieu merci, il évite les écueils du genre, les caricatures, les mises en garde et les témoignages tire-larmes. Amélia n'est pas tout ca, et pourtant, Amélia est tout ça à la fois, c'est ce qui en fait un livre intelligent, à multiples niveaux de lecture, qui a touché la mère et la prof que je suis et l'ado que j'ai été (mais non, ce n'est pas si loin ).
Sa force, c'est sa justesse. Oh, bien sûr, on n'échappe pas à quelques clichés made in USA, la copine Marie-couche-toi-là, le flic pas net, les voisines à la "Desesperate housewife" avec tartes aux pommes et langues de pute, on tique sur des détails (vous avez déjà vu un parent s'immiscer ainsi dans une enquête de police, vous?) et sur des incohérences ou des too much (Ben? Non mais allez, quoi!), mais on passe vite au-dessus. Parce que c'est une histoire d'amour, celle d'une mère imparfaite et de sa fille imparfaite, que c'est touchant de découvrir leurs points de vue, qui alternent et se rejoignent sans qu'elle ne le sachent (et ne le sauront jamais), parce que Kate est une mère crédible, moderne, débordée, un peu à la masse parfois, et qu'Amélia est attachante, un peu naive et nunuche, parce qu'elle se cherche et se trouve finalement, quand on y pense. Parce que c'est une histoire d'amitié aussi, celle à-la-vie-à-la-mort d'Amélia et Sylvia, malgré le temps qui passe et leurs chemins qui s'éloignent, et celle que voudrait Amélia, avec cette bande de pestes (et je pèse mes mots) de Magpies, ces Beverly Hills de pacotille, ces ersatz de
aux préoccupations adolescentes, aux mille sms, aux échanges insignifiants et à la cruauté (je l'espère) inconsciente, à la méchanceté et la perversité de celles qui sont du bon (beau) côté du miroir, genre (ahaha)
Même (et c'est assez rare que pour le signaler) les profs sonnent juste, ce directeur, cette prof d'anglais, cette infirmière, tous ces personnages de papier pourraient être vous, moi, vos collègues ou les miens, avec leur façon de gérer les événements "comme ils peuvent", ni wonderwoman ni démissionnaires. Mention toute spéciale et clin d'oeil perso à gRaCeFULLY, qui me semble être un plagiat honteux () de La Sorcière de En Mille morceaux de Nicolas Ancion. Si se faire piquer son idée par une auteur américaine ce n'est pas le début de la gloire....
En bref, et vous l'avez déjà compris, je ressors 100% conquise de cette lecture, et je me réjouis déjà de pouvoir en discuter fin juin avec l'Elève qui a choisi ce roman pour son examen. Si le hasard te mène ici, petit padawan, que la force soit avec toi!
Nouvelle lecture pour
Edit : l'avis de Romain R.