La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"Le Chant de Dolorès", Wally Lamb

"Les gens gâchent leur bonheur - c'est ce qui me rend triste. Les gens ont une trouille bleue d'être heureux. "

 

 

Il faudrait réinstaurer les châtiments corporels en place publique pour les gens qui rédigent les quatrièmes de couverture et qui dévoilent tout, absolument tout de l'intrigue. Ne lisez SURTOUT PAS celle de ce roman, laissez-vous plutôt porter par le chant des baleines.

Ce roman a tous les défauts de ses qualités, et c'est sans doute pour ça que je l'ai tant aimé (en cette veille d'examen #mesélèvesontchoisipartie1, je m'autorise les rimes pourries).

Un pavé de 700 pages! De la littérature américaine! Un roman-fleuve qui retrace le parcours d'une héroïne qui porte malheureusement bien son prénom à travers les USA des années 60 et 80, à la base, c'est déjà mon truc. Un roman féminin, presque féministe, qui aborde sans tabous la condition mais surtout la psychologie féminine, voilà qui était fait pour moi, non? Alors oui, 700 pages, c'est parfois long, et certains passages sont d'une lenteur assez agaçantes, mais c'est aussi ce qui fait le charme de la narration : une langueur qui s'empare du lecteur, comme pour lui faire ressentir celle de Dolorès. C'est qu'elle en bave, Dolorès, c'est qu'elle en mange des barres chocolatées pour noyer son mal-être, c'est qu'elle est malmenée par la vie, depuis toute petite, Dolorès, entourée qu'elle est par des êtres abjects, ou lumineux, c'est selon. Elle en bave, et nous aussi, incapables que nous sommes d'arrêter la Machine Infernale qui semble diriger sa vie. Impuissance, compassion et résilience, voilà les mots-clés. Parce qu'elle se bat, Dolorès, avec les moyens du bord, pas très fort, pas très bien, mais elle se bat. Contre le Monde, les Hommes, mais surtout contre elle-même. Loin des images d'Epinal de la Wonderwoman, Dolorès se bat, pour trouver la paix, l'amour peut-être, et pour se retrouver elle-même, je crois.

Il y a dans ce roman une petite, toute petite, flamme vacillante, qui continue à brûler malgré les tempêtes, l'hôpital psychiatrique, la mort, la déception, la tromperie et les erreurs. Dolorès plonge, mais elle ne coule pas. Comme elle l'avait écrit à propos d'elle-même dans le "carnet d'appréciations" au Lycée : gagne à être connue. Et je ne peux qu'être d'accord.

 

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