La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"L'intérêt de l'enfant", Ian Mc Ewan

"L'intérêt de l'enfant", Ian Mc Ewan

"Aucun enfant n'est une île."

A l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver. Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l'hôpital pour rencontrer Adam...

Le premier adjectif qui m'est venu à l'esprit, et ce dès la lecture (édit : je vois que Jérôme l'a utilisé aussi dans son billet, ici. Décidemment...), c'est "austère", et non, dans ma bouche, ce n'est pas un gros mot. C'est un livre austère, oui, à l'image de son héroïne, divinement hautaine, diaboliquement intelligente et  encore belle. J'aurais pu dire "sobre", ou "pudique", mais il y a, dans ce roman, bien plus que ce que tous ces mots recouvrent. Il y a de la retenue, de la gravité, et une certaine forme de grâce dans ce texte pourtant terriblement froid, presque rigide, comme son personnage principal, également (et si vous ajoutez un"f" devant l'adjectif, vous ne serez pas loin de la vérité non plus). Il y a de la distance, nécessaire, de la retenue, saine (même si, je vous l'avoue bien volontiers, j'ai eu souvent envie de foutre des claques à ce couple-là. Tout mais pas l'indifférence (clic), comme disait l'autre...), et une quasi précision chrirurgicale qui donne à certains passages un air de de démonstration de droit social. Dit comme ça, ça n'a pas l'air folichon, je vous l'accorde. Et pourtant...

Le traitement du sujet, qu'il soit général (l'intérêt de l'enfant) ou particulier (le cas d'Adam, solaire et malade) est rigoureux, mais pas dépourvu d'humanité. Quand l'intime et le professionnel se mélangent, quand Fiona perd (un tout petit peu) pied, quand la carapace se fissure, mais aussi quand est abordé le délicat sujet du droit, des enfants, des parents, des parents sur les enfants et des enfants sur eux-mêmes, de la Justice et de la Société, chaque mot sonne juste, et résonne fort.

Tout cette histoire est tellement digne, tellement dans la retenue, donc, qu'un seul passage suffit à

Juste quelques mots, même pas une page, de la pluie, et de la guimauve qui dégouline, une vraie belle scène juste wtf, une grosse fausse note dans une partition pourtant si sobrement parfaite ( partition, musique, si vous le lisez, vous comprendrez). Comme me l'a si joliment dit Jérôme, c'est couillon. Et il a raison, parce que moi, ça m'a un peu gâché le plaisir, et c'est dommage, parce que l'ensemble est plutôt une (très) belle réussite.

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J
C'est couillon oui, très couillon même, de flinguer un si beau texte avec un passage que n'aurait pas renié Barbara Cartland. ça ne m'a pas gâché tout mon plaisir mais je demande quand même ce qui lui est passé par la tête.
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J
Je dois avouer que je n'ai pas été séduite par ce roman ..... Oui, il est intéressant par les cas décrits de la justice qui doit prendre position ... oui, l'écriture est juste, précise, ciselée ...... oui, le personnage d'Adam est émouvant ..... mais .... les problèmes de couple de Fiona m'ont laissée indifférente et m'ont même ennuyée ... et comme ils prennent une place importante dans le livre ...<br /> Et ce moment WTF ! Vraiment !!!
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M
Jean-Jacques <3 <br /> <br /> En parlant de moment WTF, j'ai vu un prix littéraire qui m'a fait penser à toi, je tente de te retrouver ça...
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