La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"Le Chant du canari", Anne-Frédérique Rochat

"Le Chant du canari", Anne-Frédérique Rochat

"On ne réalise pas toujours qu'on nage en plein bonheur quand on se contente de barboter dedans."

Anatole et Violaine sont en couple depuis de nombreuses années. Combien de temps exactement ? Ils ne s'en souviennent plus, cela fait si longtemps. Lui travaille dans une animalerie, entouré de sifflements et de plumes de canaris; elle surveille la section zoologique du Musée d'Histoire Naturelle, silence et relents de camphre. Leur vie quotidienne est une suite d'habitudes rassurantes et de paroles répétées, "bien dormi ?- Merci chéri j'ai ramené des sushis ". Ils ont tout pour être heureux. Et pourtant. Quelque chose, imperceptiblement semble les éloigner l'un de l'autre. Il disparaît de plus en plus souvent. Pour aller où ? Faire quoi ? Le doute s'immisce, les certitudes s'émoussent. Et s'il suffisait d'un grain de sable, d'une pensée ( un peu trop obsédante ) pour tout remettre en question, tout perturber.

Parfois, il suffit de presque rien ( ♪♪ Tu vois, c'est presque rien / C'est tellement peu / C'est comme du verre, c'est à  peine mieux / Tu vois c'est presque rien.../ C'est comme un rêve, comme un jeu / Des pensées prises dans des perles d'eau claire ♪♪, ici, si vous voulez). Pardon, je m'égare. Ce que je voulais dire, c'est que je suis tombée amoureuse de la couverture de  ce livre, pouf, comme ça, au détour d'un clic, sans même savoir de quoi il parlait, sans même savoir s'il allait me prendre aux tripes ou me tomber des mains. J'étais amoureuse et il me le fallait, point.  Alors oui, quand j'ai vu qu'il s'agissait d'un texte sur le délitement du couple, sur l'essouflement de l'amour, j'ai tiqué, parce que vous savez que cette thématique commence sérieusement à me lasser, et à me déprimer, aussi ( la fin des vacances, l'automne, les jours qui raccourcissent, tout ça, tout ça...). Finalement, c'est un roman plus complexe qu'il n'en a l'air, et tant mieux. Bien sûr, l'amour entre Anatole et Violaine vivote, bien sûr l'éternelle question Se perdait-on un peu lorsqu’on devenait deux ? Où était-il possible de rester entier tout en partageant son quotidien avec un autre être humain ? est au coeur de ces pages, mais le tour de force de l'auteur est de donner dynamisme et originalité à un sujet vaguement banal et éculé.

Dynamisme et originalité, disais-je. Ce roman est comme un petit recueil de moments volés (un peu à la Delerm, vous voyez? Il est question de fête foraine, de churros engloutis comme si elle avalait son enfance et d'une toile de Marx Ernest (celle-ci), notamment ). De courts chapitres, des instantanés de vie (qui part en cacahuète), une héroïne un peu casse-bonbon qui nous ressemble tout de même un peu,  des beaux-parents tête à claque et des animaux de compagnie investis de rôles qui ne sont pas les leurs (pauvre Freddy  ), c'est sûr, on est loin des clichés sur le thème. De la même façon, Anne-Frédérique Rochat nous amène là où l'on ne s'attend pas à aller, elle nous force à poser un autre regard sur les choses et les êtres, et finalement, derrière la causticité et l'apparente naïveté, elle nous invite à réfléchir, à regarder plus loin que le bout de notre nez. Méfiez-vous  : La colère, qui était resté très discrète jusqu'ici, commençait à se réveiller, à frémir, gronder, bruire. Comme des braises sur lesquelles on souffle pour que le feu prenne. Il n'y avait pas beaucoup de travail. Le bois était parfait. Ni trop sec, ni trop humide. Il n'attendait que ça, d'être dévoré par les flammes, rongé par l'élément puissant et diabolique.

Allez, hop, haut les coeurs, les amis, c'est la  rentrée . Pas l'affreuse, pas celle qui nous fait nous lever trop tôt pour aller donner cours à des élèves qui, à l'heure où j'écris ces lignes, sont toujours pour moi interchangeables (ben oui, qu'est ce qui ressemble plus à un ado mal réveillé qu'un autre ado mal réveillé, je vous le demande...) mais la littéraire. Ce billet marque donc ma première participation au challenge de la Rentrée Littéraire 2015 (infos ici).

 La rentrée littéraire en images? Ca, c'est moi.

Et ça, c'est la blogo quand les premiers coups de coeur tombent. Nous sommes irrécupérables, oui, et alors?

 

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M
Ça c'est une rentrée comme je les aime !
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