4 Novembre 2016
"Vous voyez, le mal est le véritable moteur de tout récit. Un roman, un film ou un jeu vidéo où tout va bien n’intéressent personne… Rappelez-vous : c’est le méchant qui fait l’histoire."
Juste avant Noël, Anna-Lou, jeune fille exemplaire, disparaît sans laisser la moindre trace de son petit village des Alpes. Il s’agit de toute évidence d’un enlèvement, mais qui pourrait bien lui vouloir du mal ? C’est alors que la star de la police, le commandant Vogel, débarque sur place entouré de sa horde de caméras. Cependant, il comprend vite qu’il n’a pas la moindre piste. Et devant ses fans, il ne peut pas perdre la face. Comment faire alors pour résister à la pression de son public qui réclame un coupable ?…
Une enfant qui disparait. Un petit village perdu au fin fond des montages. Du brouillard (au propre comme au figuré). Un enquêteur en costume. Des journalistes aux dents longues. Une construction temporelle peu originale mais qui fonctionne à tous les coups. Du suspense. Un prologue qui titille. Une parfaite lecture de voiture, donc! Chouette! Justement, devant moi, 500 km d'autoroute, sans enfants, avec un Chéri qui écoute du jazz et qui en a sa claque de mon perpétuel bavardage. On the road again baby!
Premier péage, toujours en mode pump it up (ça, donc) : plein de questions en tête (Mais comment une gamine peut-elle disparaitre sans que personne ne remarque rien? Ils n'ont pas l'air net, dans cette communauté religieuse, là... Puis l'inspecteur, il est louche, non?), un rythme plutôt soutenu, des pièces du puzzle qui se mettent en place pour voler en éclats quelques pages plus loin, bref, tout ce que j'aime. Les kilomètres défilent, je ne vois pas le temps passer.
Arrêt pipi, deux péages plus loin (dingue quand même comme les autoroutes françaises coûtent un bras, d'ailleurs!). J'ai besoin d'un café. Un double. Mes yeux se ferment, ce n'est pas bon signe. Ca ronronne un peu, ct'histoire, quand même. Il ne se passe pas grand chose. Le présumé coupable trouvé (enfin "trouvé", si on veut...), la critique des médias assoiffés de scoop et de sang tire un peu en longueur, même si c'est bien vu. Quid d'Anna-Lou? On s'en fout un peu, et c'est dommage, non? J'veux de l'action, moi, des rebondissements, qu'il se passe quelque chose qui vienne secouer la torpeur qui prend peu à peu possession de l'habitacle de la voiture, et de mon esprit. Quoi? Du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau? Point du tout (et heureusement, parce qu'à ce niveau-là ce thriller est propre comme neige (la montagne, la neige, tout ça...) ; toute la tension est psychologique, enfin c'est ce qu'elle se veut, parce que moi, la tension, je ne l'ai pas trop ressentie, passée l'euphorie du début). Non, juste un truc qui me réveille en sursaut.
Frontière belge, retour des éclairages routiers et énième arrêt café-pipi. Bim, bam boum! Non pas un, non pas deux, mais trois retournements de situation. Hop! Hop! Hop!
Et patatra. Les choses vont trop vite soudain, des personnages-clés dont on n'avait pourtant jamais même imaginé l'existence sortent de l'ombre du brouillard et l'apparition d'une tristement figure maîtresse des thrillers (j'espère que vous appréciez mes efforts pour ne rien spoiler!) signe l'arrivée du définitivement too much. Et que dire des dernières pages? Rien, je préfère ne rien en dire.
Arrivée à la maison. Cris des enfants. Bagages à défaire, courses à faire, retour à la normale. Deux heures plus tard, quand l'Homme me demande "au fait, c'était bien ton livre?", le seul mot qui sort de ma bouche, c'est BOF. Et la vérité sort toujours de la bouche d'une femme fatiguée .