La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"Ma raison de vivre", Rebecca Donovan

"Ma raison de vivre", Rebecca Donovan

"Je sais me contrôler mais j’ignore pourquoi avec toi j’ai plus de mal" .

Amis de la cruauté gratuite, du politiquement incorrect, de la mauvaise foi et du " et si on disait du mal"?, bienvenue dans ce nouveau billet .

Chers lecteurs, si vous avez adoré ce roman, si vous avez envie de le lire ou si vous détestez les billets vraiment vraiment vraiment vilains, passez votre chemin. Celui-ci va contenir plein de SPOILERS et va être très vilain (et très long. Mais surtout très vilain). OK, je plaide coupable. Cajou me l'avait bien dit que ce n'était pas un texte pour moi, la citation sur la couverture me l'avait dit, le titre me l'avait dit, bref, je ne peux pas dire que je n'étais pas prévenue. Et pourtant, dans un moment d'égarement, la paupière lourde, l'humeur morose, pendant que mes élèves se prennaient la tête avec la biographie de Sartre ( Jean-Paul forever ), j'ai commencé à tourner les pages et puis.... et puis, quoi. Alors, je vous vois venir, vous allez dire que j'exagère, que si je l'ai lu si vite (en moins de deux jours), c'est que je devais être happée par l'histoire, que ce n'était pas si mauvais que ça, blablabla. QUE NENNI, mes amis, QUE NENNI. Si je l'ai lu si vite c'est (et non, ceci n'est pas un QCM) :

a) parce qu'il est écrit comme le programme télé de feu ma grand mère (Ciné-Télé-Tevue, pour ne pas le citer) : sans chichi, sans froufrou, sans recherche ni style (sauf si utiliser 125478 fois le verbe " traîner" peut être considéré comme une recherche de style, à vous de voir)

b) parce que j'avais lu partout que la fin était terrible, époustouflante, maaaagnifique et que j'avais très envie de la découvrir (mwahahahaaaaaaaaaaaaaa, si j'avais su...)

c) parce que, crotte à la fin, je voulais vous prouver que je n'ai pas un coeur de pierre, que je ne suis pas une Cruella, que je suis un petit être sensible et tendre, que derrière ma carapace se cache une âme pure, un univers plein de chamallow et de licornes sur un arc-en-ciel et que...

Bon ok, pour le coup, c'est loupé  .

Alors, qu'est ce que ça raconte? C'est l'histoire d'Emma, pauvre Cendrillon des temps modernes (j'ai piqué l'expression à Cajou, mais elle ne le saura pas puisqu'elle boycotte ce billet ), une jeune lycéenne parfaite (mais vraiment vraiment parfaite, elle est aussi parfaite que je suis langue de ¨*ute, c'est dire!) qui vit avec son oncle, son cousin, sa cousine et surtout sa mègère complètement tarée de tante, et qui ne rêve que d'une chose : se barrer à l'Université l'année suivante pour échapper à cet Enfer. Elle ne sort jamais, n'a qu'une seule amie (Sara, aussi riche que je suis langue de p*ute, pour filer la comparaison) et garde pour elle toute l'horreur de sa pauvre existence familiale (pour info, j'essaie de rester neutre dans ce résumé, vous seriez sympa de saluer l'effort). Arrive un jour un beau jeune homme sur un cheval blanc au volant de sa voiture de sport (enfin, j'en sais plus rien si c'est une voiture de sport, c'est pour que vous compreniez bien l'image que je dis ça) ( aussi beau que je suis...., c'est bon, vous suivez?), Evan, qui va devenir sa raison de vivre () et mettre en péril le précaire équilibre de la vie de (cette pauvre) Emma. ( Et ici, je me pose une question : vous pensez que c'est fait exprès, le choix de ce prénom? C'est comme si toutes les Emma de la Terre devaient être des pauvres filles que l'on a envie de baffer, c'est tout de même étrange, non?)

Bref, passons. Je sais que ce n'est pas ça que vous voulez lire, non, je sais que ce que vous voulez, vous, c'est la VRAIE histoire de Sa Raison de Vivre. Rien que pour vous, courageux lecteurs qui êtes toujours en train de lire ce billet déjà bien long, la voilà.

Avoir dix-huit de moyenne, pratiquer trois sports, participer à tous les ateliers et être sollicitée par quatre universités, le tout en cohabitant avec une sadique absolue,  voilà qui est Emma, en tout cas selon sa copine Sara.  Elle est aussi über satisfaite d'elle-même (En haut de la feuille, il y avait un grand A et des commentaires élogieux étaient écrits au feutre rouge dans la marge. Cette note n’était une surprise, ni pour moi ni pour mes camarades.), égocentrique mais surtout, surtout  aussi agressive qu'un pitbull sous excta.

genre "Oh oui, mais non, et peut-être que, alalala, je sais paaaaas". Elle est amie avec Sara, donc, Sara qui ferait passer Donna de Beverly Hills 90210 pour une pauvrette. Voiture, vêtements, hight-tech, on est  à fond dans le cliché des gosses de riches made in USA, ce qui inaugure la longue série des clichés (et d'instants WTF!). Jugez plutôt.

Une journée normale dans la vie normale de ces adolescentes normales américaines (oublions que l'une se fait taper la tronche à coup de passoire et que l'autre a un dressing grand comme ma maison pour l'instant). LE mec débarque (canon, on aurait dit une pub pour Abercrombie, nous dit Cendrillon Emma), il lui adresse à peine la parole deux minutes à un cours, elle lui bouffe le nez et tout ce que trouve à dire sa copine c’est : si tu veux mon avis, je pense qu’il s’intéresse à toi (ou elle a des dons de voyance ou, vraiment, il devait baver comme un gros veau le Evan en regardant Emma, parce que là, franchement, on frise le record du monde du coup de foudre réciproque le plus rapide (et le plus naze) de toute la littérature). Et, COMME PAR HASARD, genre quoi ? deux minutes plus tard, revoilà le mec si mignon qui se pointe et la copine qui soudain a  besoin de (se) rafraichir un peu  et qui va  chercher de l’eau. Elle est partie ! En nous laissant seuls ! nous annonce alors l’héroïne… S’en suit une partie de chat et souris, jeu bien connu des adolescents, à grand renfort de yeux levés au ciel (ah non, pardon, ça c’était moi) de  je levais régulièrement le nez pour voir s’il était dans les parages (et, oh wait ! Vous savez quoi ? il est TOUJOURS dans les parages, dingue non ?) et de  il a souri, et j’ai cru m’évanouir, mais ce petit jeu tellement choupinou ne durera pas très longtemps puisque quelques 5 pages plus tard, Evan assènera la terrible vérité à Emma : c’est toi qui m’intéresse.  (mais elle ne peut pas, hein, elle ne peut pas lui raconter sa minable existence, donc….). S'en suit (bis)  une partie de chat et souris , à grand renfort (bis) de conversations plus passionnantes les unes que les autres (Le chocolat chaud tombait à pic : je me suis empressée d’avaler quelques gorgées histoire de reprendre mes esprits. Pas de chance, il était brûlant. J’ai fait une grimace / - Trop chaud ? / - Ouh là, oui… Je me suis bien brûlée la langue ( pardon? vous ausi vous voyez un sous-entendu sexouel dans cette phrase?) / Si tu veux j’ai une bouteille d’eau dans mon sac) et de minauderies ( je veux bien sortir avec toi mais alors on n'appelle pas ça sortir ensemble). Plus cruche, tu meurs. Parce qu'il faut arrêter, ce n'est pas parce qu'elle a 17 ans et qu'elle est encore vierge qu'elle doit se comporter comme une ado pré-pubère avec appareil dentaire (Mais tu as déjà embrassé? Tu crois qu'il a déjà couché?). Accélération. 3 pulls rose, quelques bouteilles d'eau gazeuse, un repas sous cloche avec majordome et deux fêtes plus tard, voilà Evan et Emma en couple. (J'avais prévenu que j'allais spoiler, pas la peine de râler). Nuage rose, violons, parties de flèchettes et dvd à gogo. (Bon, avant ça, il est parti fâché à San Francisco pour revenir quelques semaines plus tard, cool, en pleine année scolaire, sans que personne ne s'en inquiète. Et pendant ce temps là, notre Sainte Nitouche préférée notre héroïne a brisé quelques coeurs , a mis sa virginité en péril (mais ouf, fausse alerte) et s'est trouvé un nouveau mec, vite quitté quand revient the Evan. Quand je vous dis que l'on n'est pas à un WTF près...). Alors, vous aviez bien compris que l'histoire ne se terminerait pas dans une explosion de paillettes roses (y'a trois volumes, je vous le rappelle), je m'en doutais aussi, mais de là à nous sortir une scène digne des premiers chapitres d'un Mary Higgins Clarck des années 90, il y  avait une marge... que l'auteur a franchie, hop hop hop. La Fin (comme le reste)?

Parce que ce billet n'est pas encore terminé, non. Il faut que je vous parle encore d'un truc, de THE truc en fait qui m'a vraiment embêtée lors de ma lecture (et non, le pire, ce ne sont pas les ridiculement culcul amours adolescentes, non) : la maltraitance. Croyez-moi, Carol, la tante d'Emma, c'est une s*lope de la pire espèce, et on a bien souvent envie de lui retourner les coups et les insultes qu'elle porte à sa nièce. Parce qu'il y  en a, des coups, contre le chambranle de la porte, avec une batte de baseball, avec une passoire, avec des mots aussi, et ces scènes-là vous font frémir d'horreur. Ce qui est complètement irréaliste, par contre, et tiré par les cheveux (une autre punition de Carol, tiens), ce sont les réactions des personnages face à cette maltraitance. Emma, d'abord, Emma qui souffre en silence, qui endure les pires blessures mais qui, la tête haute, va quand même jouer son match de foot, qui cache les hématomes sous une casquette et qui répète à sa copine, des dizaines de fois, qu'elle ne peut pas les dénoncer parce qu'elle ne veut pas priver ses cousins de leur famille.

Tu préfères les laisser aux mains d'une psychopate hystérique qui risque un jour de leur casser les dents? Franchement, c'est la plus mauvaise excuse que l'on puisse trouver pour justifier qu'une ado ne dénonce pas un adulte avec lequel elle n'est liée par aucun lien d'affection et qui la bat comme plâtre, non? Puis Sara, la meilleure amie, la confidente, celle qui file des aspirines quand Emma a mal à la tête (le chambranle, ça fait mal), qui doit lui dire cent fois qu'elle ne peut plus supporter de (la) voir souffrir mais qui ne bouge pas le petit doigt pour sortir son amie du dangereux merdier dans lequel elle est fourrée. Puis Evan, l'amoureux transi, qui ne sait trop rien, qui se doute, qui est prêt à l'emmener à l'autre bout du pays dans sa belle voiture de sport mais qui ne tire pas non plus la sonnette d'alarme. Puis les adultes, bon sang, les adultes : les parents de Sara, d'Evan, les profs, les coaches, tout ce petit monde soupçonne mais ne fait rien? Allez quoi, je sais que les enfants battus ne portent pas un écriteau autour de leur cou avec "sauvez-moi" écrit dessus, mais ici, c'est trop gros, vraiment trop gros. Je n'avais qu'une envie, sauter dans le roman et secouer tout ce petit monde en leur disant de bouger leurs grosses fesses d'américains lambda (et filer queles tartes à certains en passant, c'est vrai).

Vous savez quoi, je ne lirai pas la suite, non, pas la peine de compter là-dessus. Je demanderai aux copines de me faire un résumé pour savoir comment l'auteur va réussir à se dépatouiller d'un tel merdier, c'est tout.

Et pour vous remercier d'avoir lu ce billet jusqu'au bout, cadeau (c'est moi à la fin de ma lecture)

 

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J
Ah ben si, il faut que tu lises la suite pour que l'on ait droit à un autre billet de la même trempe !
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L
Ahahaha. Mais non :-)
V
Quel billet ! Et quelle langue de p....! oups pardon! Bon, eh bien....après avoir réfléchi 2.5 secondes, je ne lirai pas ce livre ! C'est bête parce que j'aime les dressings grands comme une maison pourtant !
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L
" langue de p*te" c est mon deuxième prénom:-)
M
Ah ah! Quel billet! J'adore! Tu l'as tellement bien détesté que tu as piqué ma curiosité. Du coup, j'ai presqu'envie de le lire!!!
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L
Mais n hésite pas, je voudrais bien savoir si je suis la seule à avoir été insensible à ce roman qui est " coup de cœur" partout sur la blogo!
M
C'est malin : je te "vois" en train de danser, et "on" se demande pourquoi je rigole (encore) toute seule comme une idiote.
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L
Mais je danse, je danse:-)
J
Je me suis délectée ......... :-)<br /> Après le billet de Cajou, je me doutais que ce roman n'était pas pour moi - confirmation de cette dernière, d'ailleurs - ..... Maintenant, c'est une certitude ...... Je passe .... que dis-je ... je fuis ......:-)))
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L
Tu aurais détesté autant Que moi, copine de cœur de pierre :p