21 Juillet 2015
" Elle a toujours préféré les mots aux chiffres. Tellement plus poétiques. Tellement plus beaux. Tellement plus généreux, riches et élégants. tellement plus émouvants. On ne déclare pas son amour avec des chiffres. On n'appelle pas au secours avec des nombres. Mais avec des mots. Ou des gestes. Avec les yeux et la parole. On rêve avec des mots. Avec les chiffres, on compte. Le temps, les heures, les minutes. Qui passent trop vite ou trop lentement. Ou les êtres chers disparus. "
Je m'appelle Raphaël, j'ai passé quatorze ans de ma vie derrière les barreaux. Avec mon frère, William, nous venons de dérober trente millions d'euros de bijoux. Ç'aurait dû être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. Deux morts, un blessé grave. Le blessé, c'est mon frère. Alors, je dois chercher une planque sûre où il pourra reprendre des forces. Je m'appelle Sandra. Je suis morte, il y a longtemps, dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là... Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer. Quelque chose qui marche et qui parle à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit...
Décidemment, en ce début de vacances, j'ai l'impression d'être seule contre tous . Après la lecture de "Juste une ombre" de Giebel (qui s'était révélée assez chiante, si vous me permettez de le dire ainsi), je m'étais promis de retenter le coup, puisqu'il parait que cette charmante dame a un si graaaand talent. C'est chose faite, et bon sang, j'ai presque envie de dire que c'était pire que la première fois .
Clairement, ce fut une lecture en deux temps, parce que c'est un roman en deux temps (logique, non?). Step one (vous avez deviné la référence musicale pourrie? Si non, cliquez ici à vos risques et périls). Un braquage qui tourne mal, une vétérinaire prise en otage et nous voilà en plein huis-clos. Et vous savez-quoi? On s'ennuie terriblement pendant toutes ces pages.
Les personnages ont le charisme d'huîtres fraichement pêchées, leurs interactions sont sans intérêt, l'histoire (quelle histoire?) itou et niveau psychologie, on frôle aussi l'électroencéphalogramme plat. on se traîne, on se traîne... Pourtant, Karine GIebel essaie de nous ferrer avec des procédés qui ont fait leurs preuve, mais qui manquent cruellement d'originalité : une alternance de narrateurs, désignés par des "je" ou des "il" bien commodes, puisque le lecteur s'interroge sur qui peut bien se cacher derrière ces pronoms, des flash-backs, que ce soit pour nous émouvoir ("ooooh, pauvres petits gamins, c'st bieau une telle fraternité") ou nous inquiéter ("ouuuuuh, mais quelle horreur! notre "tuuuuuuut" (chuis sympa non?) aurait été maltraité pendant son enfance? Mais ça explique tout!") et un suspense qui se voudrait intense. Nope. Nopenopenope même. Et puis tout bascule, et, je dois bien l'avouer, je ne m'attendais pas à ce retournement de situation-là. J'ai repris espoir, naïve que j'étais.
Step two, donc. Et là, ça vire à un mauvais épisode de
ou de
Une (longue) sucession de tortures plus affreuses les unes que les autres, une surenchère dans l'horreur, mais qui ne sert à rien, sinon à vous faire tirer la langue de dégoût. C'est trash, mais ça ne vous touche pas autrement qu'en surface, c'est trop, et sans fondement. Ces scènes n'apportent rien à l'histoire, elles ne servent qu'à démontrer le sadisme de notre psychopathe de service, mais on l'avait déjà bien compris, merci madame Giebel. Les motivations de ce vilain-pas beau sont aussi de celles qui vous feront lever les yeux au ciel, tant elles manquent de cohérence et de profondeur.
Rien ne tient vraiment la route, en fait, dans ce roman, si on arrive à le regarder en enlevant les doigts que l'on avait sans doute mis devant les yeux, mais en les écartant tout de même, histoire de.... Bref, mon sentiment général?
Mais comme je n'ai peur de rien, je vais quand même lire ce qui serait le chef-d'oeuvre de madame G. avec les copines, juste pour voir. A bientôt, donc....