"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
12 Avril 2016
« On peut juger de la beauté d’un livre à la vigueur des coups de poing qu’il vous a donnés et à la longueur de temps qu’on met ensuite à en revenir. » Flaubert, cité sur la page Facebook de l'incroyable Jérémy Fel, ici.
"On ne profite jamais mieux du présent qu'au moment de s'en aller."
Quand Mia, surnommée affectueusement Rabbit, entre en maison de repos, elle n'a plus que neuf jours à vivre. Tous ses proches sont présents à ses côtés pour la soutenir. Jack et Molly, ses parents, incapables de dire adieu à leur enfant, Davey et Grace, son frère et sa sœur, qui la considèrent toujours comme la petite dernière de la famille, Juliet, sa fille de 12 ans qu'elle élève seule, et enfin Marjorie, sa meilleure amie et confidente. Au fur et à mesure que les jours passent et que l'espoir de la sauver s'amenuise, sa famille et ses amis sont amenés à s'interroger sur leur vie et la manière dont ils vont continuer sans celle qui leur apporte tant. Car, si Rabbit a elle-même perdu la bataille, celle-ci ne fait que commencer pour son entourage.
Dans la vraie vie, quand je me sens dépassée, par le nombre croissant d'obligations, par la montage de choses à faire, par la toujours grandissante pile de corrections (vers l'infini et au-delà!) (procrastination forever), mais aussi quand je suis submergée, par les émotions, le temps qui file, quand j'ai du mal à faire le tri, à voir clair, à respirer calmement, je fais des listes. Des listes parfois utiles, des listes dans lesquelles je barre fièrement ce que j'ai accompli, mais aussi, et surtout, des listes qui ne servent qu'à déverser le trop plein, des listes que je contemple seulement, des listes qui me prouvent que parfois juste mettre des mots, ça soulage.
Quand j'ai commencé ce roman, sous la menace assez effrayante d'une Cajou très convaincante (du petit-salé? Non mais oh!), je ne savais pas encore trop bien dans quoi je mettais les pieds. Dix pages plus tard, le livre posé à côté de la baignoire, avec en bruit de fond l'eau qui coulait du robinet pour étouffer celui de mes sanglots, j'ai pris conscience de deux choses : je ne la remercierai jamais assez de m'avoir poussée à lire ce livre, et je serai incapable d'en parler aussi bien que je le voudrais. Alors, j'ai pris un carnet, un crayon, et j'ai fait une liste, la liste de ma rencontre avec Rabbit, la liste de tout ce que j'ai envie d'en garder, pour toujours, parce que maintenant que le livre est refermé, maintenant que mes larmes ont sèché et que je ressemble à un lapin myxomatosé, je sais que ce livre aura une place particulière dans mon coeur, et pour toujours.
Alors voilà, comme dirait l'autre (coucou Baptiste), j'ai envie de partager cette liste avec vous. Vous n'y comprendrez sans doute pas grand chose, mais peut-être ce pas grand chose suffira-t-il à vous donner envie d'être bouleversé comme je l'ai été, de sangloter comme un enfant jusqu'à en perdre haleine, de poser ce livre pour reprendre votre souffle, d'éclater de rire à cause d'un prédiabétique au régime, de partir visiter l'Irlande en camionnette. Vous verserez des larmes, c'est certain, mais plus que des larmes de tristresse, ce seront des larmes d'émotion, et une émotion pareille, croyez-moi, c'est rare. Puis si cette liste ne vous convainc pas assez, ce n'est pas grave. Je vais vous offrir ce roman. Je vais vous l'envoyer par la poste. Je vais le déposer dans votre boîte aux lettres. Je vais le glisser dans votre casier. Je vais vous le mettre dans les mains. Je vais vous en parler, encore et encore. Parce que Juliet, Marjorie, Molly, Jack, Johnny, Davey, Grace, Lenny, Stephen, Bernard, Ryan, Jeffrey le méritent. Parce que Rabbit le mérite. Et parce que vous, vous le méritez.
Se battre, se battre, se battre, et se battre encore / Si Dieu a créé le monde en sept jours, Rabbit a changé le mien en neuf / Putain de merde. Putain de bordel de saloperie de pompe à merde. Saloperie de merde en briques / Une diarrhée chronique qui devient tragi-comique / Gras-Double, Quasimort, Bunny et Rabbit, quels surnoms stupides! (et pourtant...) / Quand un fais vite vous brise le coeur / Des yeux qui se mouillent et des larmes qui n'osent pas en tomber / Triste. Lumineux. Drôle. Lumineux, lumineux, lumineux / Un petit salé volant, un tasse en morceaux (oh merde, je crois que moi aussi, un jour, je pourrais...) / Se sortir la tête du trou / Des souvenirs en pagaille / Vouloir avoir quinze ans à nouveau / Mais pourquoi n'y avait-il pas de muret, chez moi? / Un homme qui répare / Des histoires de foufoune, et de Beyrouth / Oh maman, pète un coup, ça ira mieux / Une pharmacienne au top et un tonton qui n'en est pas loin / Une canalisation, une chaussure, un caractère / Rien ne remplace une maman / Thelma et Louise / Le rosbif du dimanche / La cabane au fond du jardin, et Francis C. n'y est même pour rien / Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny/Envoie-moi au ciel...zoum/Fais-moi mal Johnny, Johnny, Johnny/Moi j'aime l'amour qui fait boum (merci Boris V.) / Moi aussi, je crois en l'amour éternel, enfin je crois / Franchement, quelle idée d'écrire des lettres, de nos jours? / Quand je serai grande, je serai Molly. Ou Rabbit. Ou les deux / Bouh! / Et si le mot de la fin, c'était "camionnette"?
(Merci à Moka, qui a gentiment accepté de me laisser lui piquer son idée et faire de son "Mois après Mois" mon "Rabbit, Page après Page")
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Stephie 29/08/2016 08:21
Virginie 22/04/2016 22:06
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LaFée 12/04/2016 21:40