"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
29 Mars 2016
À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien…
C'est drôle comme parfois quelques jours qui passent changent les choses. J'avais commencé ce billet il y a plus d'une semaine, puis je l'ai abandonné, pour le reprendre aujourd'hui, et effacer les trois quart de ce que j'avais écrit. Quand je repense à cette lecture, là, maintenant, je n'en garde pas les mêmes images que samedi dernier. Les faits sont les mêmes, les constats aussi, mais je me rends compte que, finalement, c'est la partie qui, à mes yeux, souffre du plus de défauts qui me reste en tête, et je me dis que, finalement, c'est elle que j'ai préférée, malgré ou à cause des ces défauts-là, sans doute.
Trois jours et une vie est un court roman, à mi chemin entre le blanc et le noir, un roman entre gris clair et gris foncé (oui, je sais, la référence est facile), et quand comme moi (et comme Cajou, lisez son billet ici) on n'aime pas les entre-deux, on commence par grincer des dents. Mais très vite, on oublie ce bémol, parce qu'on est est pris dans l'histoire, parce qu'on EST à Beauval. Et Beauval, ses bigotes, ses commérages, sa solidarité, ses mesquineries, sa mentalité de province, son bois dans lequel on peut encore jouer, ses enfants agglutinés devant l'unique console du vilage, son maire, son curé, sa fabrique de jouets, son médecin de famille, ses rideaux qui se soulèvent discrètement et ses mains qui se serrent dans l'adversité, Beauval, c'est la vraie réussite de ce roman. Beauval, c'est un village qui prend vie, une village comme celui de mon enfance, qui lui aussi a été secoué par une effroyable tempête quand j'étais petite, qui lui aussi a cette couleur sombre et terne des jours de pluie, comme une chanson de Jacques Brel. Cette première partie, celle du drame d'une vie, celle que j'ai trouvée longue, presque alanguie, c'est ma préférée. Parce que Lemaitre est un conteur, j'arrivais presque à sentir l'odeur de renfermé de la maison d'Antoine, à sentir sa peur, son mal-être, son amour pour sa mère, et à ressentir combien c'est étriqué, un village de province, combien on a la rage d'en sortir, de partir, de devenir quelqu'un. Ou d'essayer, seulement d'essayer, parce que la vie est une salope, et qu'on ne peut rien contre elle.
Puis, brutalement, arrivent les années 2000. "L'après"? Pas vraiment, juste "la suite", logique, implacable, mais beaucoup trop rapide à mon goût. Deux mots sur une feuille de papier, ce n'est pas assez, un jet d'urine sur une tigette non plus, une salle d'attente bondée et une femme volage, ça ne me suffit pas. Peut-être cela devrait-il, parce que c'est ainsi, la vie, il paraît. Cette suite, elle a des airs de tragédie grecque, la grandiloquence en moins, elle est sinistre, résignée, désespérée et désespérante, et mon côté bisounours optimiste en a pris un coup. Voilà qui m'apprendra, tiens...
En bref, un roman sombre comme un soir de Novembre, au rythme inégal, parfois trop court, parfois trop long, mais qui parle avec justesse de la Machine Infernale qu'est que le Destin Humain. Et le destin n'aime pas que l'on embrouille son fil...
alors je vous dis " à tout bientôt", pour un billet sur un roman qui frise le wtf (ouais, je tente le teasing!)...
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