"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
25 Juin 2015
" La vie est faite de choses qui vont et qui viennent, et chaque fois qu'un homme en emporte une avec lui, il doit en abandonner une autre".
25 ans séparent ces deux éditions. 25 ans, outch, quoi! Quand j'ai lu Un été 42, j'avais, euh, j'avais, j'étais jeune quoi. Alors vous comprendrez aisément que cette lecture a eu un petit goût de madeleine, et qu'il m' a été impossible de jeter un regard objectif sur ce roman. (Pardon? j'en entends qui disent que de toute façon je ne suis jamais objective? Mais ça va aller, oui? ) Comme Hermie au début du livre, j'avais envie de voir si la magie opérait encore... Alors en route pour une plongée dans les souvenirs d'Hermie, et dans les miens...
L'été 42, c'est celui que trois jeunes ados, pas encore assez grands pour partir faire la guerre mais bien assez pour être titillés par les hormones (et pas qu'un peu!) passent sur Packett Island. Il y a Oscy, un grand gamin, un chien fou, Benjie, véritable horloge parlante, et Hermie, fan de photo-montages, de pin-up, de glaces à la fraise et surtout de la femme, déesse de vingt-deux ans, presque une vieille, et pourtant rien n'y personne, depuis le premier instant où Hermie l'avait vue, n'avait été pour lui aussi terrifiant et aussi troublant, n'avait été capable de le rendre à la fois plus sûr de lui et plus en proie au doute, plus important et plus insignifiant. Vous l'aurez compris en lisant entre les lignes, Un été 42, le plus long de leur vie (et pour cause), c'est celui du grand chamboulement, celui qui fera d'eux des hommes, ou presque. Ce livre est un hommage, à un ami de l'auteur disparu bien trop tôt, à ces jeunes gens engagés dans un conflit qui les dépasse, mais c'est aussi un vibrant et profondément touchant hommage à cet instant précis où vous passez de l'autre côté du miroir, de la force, de l'enfance, surtout. "On pourrait appeler ça la fin de l'innocence. On pourrait aussi résumer la grâce d' Un été 42 à un verbe, beau et tragique à la fois : grandir."
N'allez cependant pas croire qu'il s'agit-là d'un énième roman d'apprentissage ringard et désuet, non non non. Bien qu'il date des années '70, ce titre est d'une incroyable actualité (et ce n'est pas Jérôme d'une Berge à l'autre qui me contredira, n'est-ce pas? Retrouvez d'ailleurs ici son avis, plein de testostérone et de souvenirs de jeunesse (enfin j'imagine, puisqu'à l'heure où j'écris ces lignes je n'ai pas encore pris connaissance des siennes ). D'une thématique universelle mais potentiellement cucul, Herman Raucher tire un texte simple, sincère et terriblement drôle. Humour potache de ces grands dadets pas encore dégrossis (entre le peletonnage en règle version avancée des troupes ennemies et les 12 étapes de la "méthode infaillible pour s'envoyer en l'air", j'ai plus d'une fois éclaté de rire (oui, je sais, je suis bon public) mais aussi dérision, second degré et une succulente représentation de la mère de famille américaine (Elle était quelque part dans la maison. Dans une ampoule électrique, peut-être. Ou bien dans la peinture. La femme aux milles yeux et aux milles oreilles. Celle qui flottait dans l'air à travers son domaine comme le fantôme des Noëls passés. Celle qui d'une seule phrase glaçante pouvait en dire des centaines). Je me souvenais encore de tout cela, mais pourtant j'avais oublié bien des choses. J'avais oublié cette déchirante scène d'adieu sur un quai de ferry (et aujourd'hui, en la relisant, j'ai tout de suite pensé à Orly, ma chanson préférée du Grand Jacques, que je vous invite à écouter ici), mais aussi l'impétueux désir de ces gamins de partir au front, dans cette guerre de toile de fond, avenir improbable et flou dont ils sont convaincus qu'il sera le leur (moi, quand je partirai...). J'avais oublié cette fin, tragique et belle, la seule qui puisse être, et ces mots que pourtant j'avais relus des dizaines de fois (oui, c'est un autre de mes tocs et je vous avoue même connaître encore par coeur des dizaines de passages de romans, de poèmes ou de pièces de théâtre. Ah, le monologue de Bérénice... mais je m'égare, je sais). Voilà donc une lecture vintage, nostalgique et rigolote, un texte qui n'a pas pris une ride (comme moi) et qui mérite bien cette jolie réédition chez "la Belle colère".
yueyin 26/06/2015 20:44
LaFée 27/06/2015 11:54
Marguerite 26/06/2015 19:10
LaFée 27/06/2015 11:54
jerome 26/06/2015 11:00
LaFée 27/06/2015 11:53
Velidhu - Que Lire ? 26/06/2015 09:52
Velidhu - Que Lire ? 22/07/2015 16:04
LaFée 27/06/2015 11:51
Jacqueline 26/06/2015 08:24
LaFée 27/06/2015 11:51