La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

" De regrettables incidents", Armel Job

" De regrettables incidents", Armel Job

"Le mensonge est tellement plus plaisant que la vérité. La vérité est toujours à refaire. Il faut se battre."

Pure comme le cristal et belle à faire damner un saint, Olga mène, auprès de sa famille d'origine kazakhe, une vie sans histoire dans une petite commune de Belgique. Jusqu'au jour où le directeur du théâtre de la ville vient proposer à son père de l'engager. En dépit de ses réticences, celui-ci finit par accepter. Jalousée par les femmes de la troupe, convoitée par les hommes, la jeune première voit très vite les passions se déchaîner autour d'elle. Sa présence contribue à raviver de douloureux souvenirs et à révéler d'indicibles secrets. " De regrettables incidents ", ainsi que les qualifie l'ancien directeur du théâtre.  

Bien sûr, il y  a l'indéfectible talent de conteur d'Armel Job. Comme dans chacun de ses romans, il arrive, en peu de mots et encore moins d'effets de style, à nous projeter dans un univers, à la fois connu (un village perdu des Ardennes belges) et inconnu (une famille kazakhe).
 Si le décor est rapidement planté (promis, je vous évite la métaphore théâtrale filée, mais c'était trop tentant!), il faut attendre patiemment que se nouent et se dénouent les relations et événements pour sentir poindre (enfin!, dirons certains) la tension. Et encore. Plus que la tension (quand Armel Job tombe dans les travers du mauvais roman à suspense, il ne faut pas espérer lire du Steve Mosby), c'est l'émotion qui vient vous prendre au détour d'une phrase. En tout cas, moi, j'ai été touchée. Par ces destins de femmes, surtout, par Vika (petit oissilon mais potentiellement grande rosse), par Rachel et Marianne, et même par Olga (même si trop de candeur tue la candeur), qui porte bien plus que ce que peuvent endurer ses jeunes épaules. Chez Armel Job, il semble toujours il y avoir ces personnages, des femmes souvent, secouées par la vie mais dont la force intérieure jaillit quand on s'y attend le moins (Denise de Tu ne jugeras point, Derya, Yasemin dans Loin des Mosquées, Hanna dans dans la gueule de la bête  et dans celui-ci.... je vous laisse la surprise )

Il y  a le théâtre aussi, cadre de l'action et personnage à part entière, catalyseur et catharsis à la fois ( oui, parfois, j'aime me la pêter en utilisant des beaux mots ). Une pièce d'Ibsen, une jeune première belle comme un coeur, un indéboulonnable metteur en scène enfin déboulonné, et le Drame arrive. Enfin, "arrive", c'est vite dit : sous la lumière des spotlights, c'est le passé qui s'invite sur scène. La vie est un théâtre. A la fin les masques tombent. Mais c'est trop tard. La pièce est finie.  Rideau. Quand le roman est terminé, c'est comme au théâtre quand on a aimé la pièce :

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J
Zut, mon commentaire n'apparaît pas ........<br /> Je disais ...... Billet lu avec plaisir ...... Oui, Job est un remarquable conteur ..... mais j'ai trouvé que le style était assez laborieux par moments ....<br /> J'avoue que je suis restée assez imperméable à l'émotion ......
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J
Dure .... oui, peut-être ..... mais j'apprécie tellement cet auteur que j'attends le meilleur de lui ....:-)
L
Ce n'est en effet pas son meilleur livre, mais je te trouve dure, pour le coup, dame Jacqueline ;-)
C
Bon et bien malgré ce beau billet (et ces mots rares :p ), ce roman ne me tente toujours pas...
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L
Crotte!