"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
5 Février 2015
Amis de la demi-mesure, du politiquement correct, de la pommade et autres enrobages, passez votre chemin. Ce billet va être odieux, et plein de spoilers, parce que ( et vous aimez ça, avouez-le!). Avec cette chronique, j'inaugure une nouvelle catégorie, le
Et croyez-moi, pour commencer, c'est du lourd que je vais vous proposer. J'aurais dû me méfier dès la lecture de la quatrième de la couverture. Rien, en fait, elle ne disait rien, nada, que dalle (Une Femme qui disparaît. Un couple en danger. Les terribles secrets d'une famille. Un compte à rebours implacable), ce qui est assez logique pour un roman vide, plat, creux, en toc, biffez les mentions inutiles (ahahaha, je vous ai bien eus, y'en a pas!).
C'est l'histoire (qui n'en n'est pas une) de Manon Sagier de Hautefeuille, de sa disparition (qui n'en n'est pas une), de sa famille (qui n'en n'est pas une non plus), de son couple (qui n'en est pas vraiment un), de sa quête de Vérité (et toutes les vérités...) et des conséquences que peut avoir toute une vie de Secrets. Honnêtement, j'ai envie de dire
Avec la meilleure volonté du monde, je ne trouve rien à sauver dans ces 301 pages de grand n'importe quoi. A croire que " rien" est la meilleure façon de désigner ce texte (quoique, "daube sans nom" n'est pas mal non plus). Dans un chapitre sur deux, on assiste à un interrogatoire de police mené de main de maître (aheum) par le flic pequenot du coin, Michel, qui descend de son père et de sa mère et se retrouve confronté à un clan d'aristos ultra-protestants, dignes descendants (eux!) de Calvin et de Je-ne-sais-plus-qui-et-on-s'en-fout (comme du reste) qui cachent des secrets gros comme des maisons mais qui finissent par cracher le morceau en moins de temps qu'il n'en faut pour épeler leur nom de famille. Fortiche ce Michel. Dans l'autre chapitre, Manon face à son Destin. Et là, et là, après deux épisodes,
Jugez plutôt : la Collaboration, la spoliation de pauvres juifs (qui n'avaient rien demandé, merde quoi!), les mariages arrangés (dont on s'arrange très bien), les enfants bâtards, un faux Alzheimer (original, et hyper crédible, non?), le pouvoir de l'argent, l'Amour perdu qui rend fou, l'inceste, le viol de mineur (enfin, pas exactement) ( du lourd, hein? Je vous l' avais dit), le presque inceste (ou comment vous vous retrouvez nue devant votre père (qui ne sait pas qu'il l'est, et vous non plus, l'Honneur est sauf) qui vous pelote les seins alors que vous ne pensez qu'à une chose : vous faire sauter par cet homme tellement plus âgé (et pour cause)). La TOTALE CLASSE, non? Un joyeux bordel aussi, une écoeurante litanie de secrets dévoilés (merci au journal intime sorti comme par magie de la cachette dans laquelle il reposait depuis des années), plus abracadabrants les uns que les autres. Et la fin, mais la fin, le twist final, le Superhuit du n'importe quoi, le final le plus WTF que j'ai lu depuis longtemps....Ca fait rêver, non?
Et je ne vous ai pas encore parlé du style de l'auteur (je ménage mes effets, vous comprenez?). Que préférez-vous? Les lieux communs d'une banalité affligeante? Nicolas croit en quelque chose : il croit en l'amour! Et ça, ça vaut tous les dieux de la terre! Nicolas m'attendait à l'appartement, un sac rempli de croissants dans une main et un bouquet de roses rouges dans l'autre. J'ai jeté mon orgueil à ses pieds et je l'ai embrassé avec amour. Elle n'était pas seulement belle selon lui, elle était l'incarnation de la pureté et de la douceur. Ca veut dire que vous vous êtes aimés avant même de savoir qui vous étiez l'un pour l'autre. . Les comparaisons et images
poétiques à deux balles? Je me suis approchée de lui, plus vibrante qu'un astre en pleine nuit. J'ai eu envie d'une cigarette tout à coup. D'une gigantesque cigarette qui n'en finirait pas de se consumer. Je voyais déjà les portes de l'enfer s'ouvrir devant moi, les diables m'appeler, la queue (vous aussi, vous vous dites que, quand même?) frétillante à l'idée des supplices qu'ils allaient m'infliger. Elle brillait tel un soleil. Comment avait-elle pu se ternir à ce point? (...) pour anéantir une généalogie foutue sur laquelle seules des ronces bordées d' épines empoisonnées pouvaient désormais pousser. . Ou alors, vous êtes vraiments courageux, vous aimez les sensations fortes, et les mots qui le sont tout autant. Inceste, donc, souvenez-vous. Elle saigna, beaucoup, le pénis expérimenté de son père ayant fouillé trop profondément dans son corps à peine défloré.
Franchement, il y a eu des moments où j'hésitais entre chanter
et
Du début à la fin j'ai trouvé ce livre mauvais, et mentir, faire semblant, la jouer sympa alors que..., vous le savez bien,