"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
12 Novembre 2014
"Je me souviens de mon chagrin.
Je me souviens de ma colère.
J'ai envie de tuer.
Je veux tellement les protéger.
J'oscille entre fierté, honte et colère.
A longueur de temps."
Avertissement 1 : ce billet a été rédigé dans des conditions extrêmes, sur un portable décapité, branché sur un ancêtre qui ne mérite plus ( ou n'a jamais mérité, mais ne vexons pas la bête, je risque d'en avoir encore besoin) le nom d'ordinateur, avec une connexion internet tremblotante et un clavier défaillant. La relecture risque d'être difficile. Pardon, donc, chers bescherelle-grevisse-maniaques.
Avertissement 2 : ce billet risque bien de me faire perdre, sinon des lecteurs, peut-être bien des copines, tant ce roman a été encensé par toutes et tous, partout sur la Blogo. Je vous jure sur la tête de mon fichier de Gifs que j'ai essayé, vraiment. Que j'ai mis de côté (presque) tous mes à-priori. Que j'ai abordé ce livre dans les meilleurs conditions qui soient ( enfin, dans la salle d'attente d'un docteur (très) en retard, dans des conditions, euh, particulières, dirons-nous, pour ne pas mentir). J'ai essayé, mais ça ne l'a pas fait. Pas du tout, du tout, du tout. Mon avis, clairement?
(Vous êtes toujours là?)
Avertissement 3 : ce billet est placé sous le signe du Souvenir. De la Nostalgie. De la Commémoration. Parce que ce roman m'a fait penser, du premier au dernier mot ( et Dieu Merci il n'y en avait pas beaucoup, de mots. Une petite centaine de pages bien aérées, deux heures tout au plus de lecture) à mon Jean-Luc Chéri. Ce livre, c'est deux heures de ceci, ni plus ni moins
Enfin, sans l'incroyablement sexy présentateur. En beaucoup moins intéressant, donc, de suite.
Vous ne savez pas de quoi parle ce roman? Imaginez. Le public tape des mains pour accompagner le générique, la caméra balaie la foule, Jean-Luc arrive, ses fiches à la main, tout semble normal. Puis, soudain, la caméra se fixe sur deux personnages étranges, un homme et une femme, souriants, l'air contents d'être là, deux drôles de personnages qui font de drôles de choses avec leurs mains, genre " ainsi font font font les petites marionnettes", vous voyez? Et bien ce sont eux, les sujets du jour, eux dont la vie va être étalée sur votre écran, sans pudeur ni retenue, eux, les deux personnes sourdes qui ont donné naissance à une fille, Véronique, venue témoigner de sa drôle de vie, fille entendante née de parents sourds. Parce que, voyez-vous, ce livre n'est rien d'autre qu'une mise en mots de ce que l'on pourrait mettre en images dans ce genre d'émission, un peu voyeuriste, disons-le franchement ( j’assume mes années Delarue, ce qui ne m'empêche pas d'être capable d'auto-analyse, parfois) : une succession de faits bruts, un recueil d’anecdotes, un " Je me souviens" à la Perec mais sans son talent ni sa plume. Des chapitres courts, sans autre lien que, parfois, une vague chronologie, celle de la vie de l'auteur, parce que oui, évidemment, ce récit est 100% autobiographique. Autobiographique? Comprenez par là qu'il recèle dans sa centaine de pages tout ce que je n'aime pas dans ce genre littéraire, enfin " littéraire", c'est vite dit : les phrases sont aussi courtes que les chapitres, et contrairement à beaucoup, je n'y ai vu ni humour, ni dérision, ni tendresse, ni jolis mots, non, je n'ai lu qu'un récit purement factuel, aussi brut que les faits racontés. No style, quoi, en clair. No profondeur, non plus, malheureusement. Si les différents moments et les thèmes abordés étaient potentiellement intéressants ( les difficultés de communication dans une famille hors normes, les limites du langage des sourds, leur rapport aux bruits, au corps, au sexe...), on reste en surface, toujours, on effleure sans jamais creuser, un comble quand on sait que Véronique regrette de ne pas pouvoir avoir de longues conversations philosophiques (lol?) avec ses parents. No émotion, enfin, pour moi. Ou plutôt si, et c'est encore pire.
De l'agacement. La honte de Véroniquel'ado domine tout le roman, et elle a beau nous parler de l'amour qu'elle porte à ses parents, honnêtement, cet amour, je ne l'ai que peu ressenti. Bien sûr, il y a de quoi être gêné quand ses parents pètent en public ( outch!) ; bien sûr, il y a de quoi être agacé quand votre mère massacre continuellement des mots ( infonfrate ?!) et vous tape sur l'épaule sans arrêt pour attirer votre attention ; bien sûr, il y a de quoi être juste mortifié lorsque le bruit des ébats amoureux de vos parents vous réveille la nuit ou que votre mère, toujours elle, vous explique combien elle est cochonne. Bien sûr. Mais les moments de joie, de bonheur, tout ce qui fait de vous une famille, différente, mais une famille quand même, ces moments-là sont tout bonnement absents du roman, et ils m'ont manqué. Comme dans une émission de télévision qui condense en deux heures le contenu d'une vie, en omettant ce qui passe mal à l'écran, le roman ( roman?) de Véronique Poulain laisse une impression de détachement, voire de distance.
Je savais, avant même de l'ouvrir, que ce livre n'était pas pour moi. J'ai voulu en avoir le cœur net, mal m'en a pris, tant pis. Vous m'aimez toujours, dites?
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Sharon 29/12/2014 20:59
luocine 29/12/2014 10:40
LaFée 29/12/2014 17:59
Marguerite 13/11/2014 14:35
jerome 13/11/2014 13:11
LaFée 13/11/2014 14:00
Jacqueline 13/11/2014 07:42
LaFée 13/11/2014 14:00
Cess 13/11/2014 07:04
LaFée 13/11/2014 13:59
paikanne 12/11/2014 23:42
LaFée 13/11/2014 13:59