"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
29 Octobre 2014
" Il y a des prisons dans les prisons, des murs dans les murs et ici tu apprends que le pire des donjons peut être la pièce qui a le plus de fenêtres. Tu franchis un mur et tu en trouves un autre devant toi, tu es comme un enfant dans un labyrinthe, perdu à jamais."
Dans le couloir de la mort, enfoui dans les entrailles de la prison, le temps passe lentement. Coupés du monde, privés de lumière, de chaleur, de contact humain, les condamnés attendent que vienne leur heure. Le narrateur y croupit depuis longtemps. Il ne parle pas, n'a jamais parlé, mais il observe ce monde "enchanté" et toutes les âmes qui le peuplent ( …). ( Encore une quatrième de couverture qui en révèle beaucoup trop grrr).
Une fois n'est pas coutume, je risque fort de me prendre des tomates, parce que contrairement à l'extrême majorité des lecteurs, je n'ai pas du tout accroché. Une grosse déception donc pour moi, mais une déception facile à argumenter pour une fois. Pour faire clair, voici ma tête au fil de la lecture
Dès les premières pages, j'ai su que ça allait coincer. Vous savez combien j'aime les mots, combien je crois en leur pouvoir et combien je peux rapidement tomber amoureuse d'une plume. Ici, pour moi, derrière de jolies tournures de phrases, derrière des métaphores à foison et des images potentiellement fortes, il n' y a rien. Du vent. Du creux. Du chiqué. J'ai réellement été insensible à cette poésie que tout le monde s'accorde à trouver au texte, elle m'a agacée, même, parce qu'elle sonnait faux, parce qu'elle n'apportait rien au récit, voire pire, elle le desservait. Les petits hommes aux marteaux, les grisegoules, les chevaux d'or, ces incessantes répétitions, le donjon, ces personnages sans nom ( le prêtre déchu, la dame, le garçon aux cheveux blancs), tout cet attirail pour faire " joli dans l'horreur" m'a profondément ennuyée. J'aime les mots qui frappent, pas ceux qui caressent, j'aime les mots qui se suffisent à eux-mêmes, sans artifice. J'ai aimé ceux de Pollock, par exemple ( ici) qui joue pourtant sur le même registre que Denfeld, mais avec une simplicité et une vérité jusqu'ici sans égal.
Bref, zéro pointé pour le style, reste donc le sujet, à defaut de l'intrigue ( quelle intrigue?). Je n'ai rien contre les romans d'atmosphère ; si vous me lisez un peu, vous savez déjà ma prédilection pour le noir, le glauque, le dérangeant, et je me disais qu'avec le milieu carcéral et le couloir de la mort, " ça devrait le faire". Ben non, en fait. Du tout. Une accumulation de clichés, du vu (lu) , revu (lu), rerevu (lu), de la sous "Ligne verte", presque, c'est dire. Des gardiens aux détenus, des familles aux visiteurs, de l'hérédité à la compassion, de l'enfance qui explique, à défaut de justifier, à l'enfer du présent, avec sa violence et ses silences, tout est là. Un nombre incalculable de fois je me suis dit " pitié, pas ça" ( mention spéciale à la "maladie" sortie d'un chapeau) et ça n'a pas loupé, "ben si". René Denfeld enfonce des portes ouvertes, et qui l'ont été par de bien plus talentueux. Je n'ai trouvé aucune profondeur, aucune nuance, aucune finesse dans ce portrait "des entrailles de l'enfer", même l'amour des livres du principal narrateur m'a semblé factice et vide de sens.
A toutes mes copines qui m'ont poussée à lire ce roman, j'ai envie de dire ceci :
(Je déconne, je voulais juste utiliser le gif que je trouve terrible!)
Jacqueline 05/11/2014 09:34
LaFée 06/11/2014 12:36
jerome 30/10/2014 09:05
LaFée 30/10/2014 12:06
Alice 29/10/2014 21:46
LaFée 30/10/2014 12:04