"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
19 Août 2014
"Rien qu’une petite ville, mon chou, et tout le monde soutient l’équipe."
( et comme je ne recule devant rien, même pas devant la musique Country, voici donc la chanson dont est extraite cette épigraphe : ici)
A la fin de l’automne, la petite ville de Chester’s Mill, dans le Maine, se retrouve brutalement isolée du reste du monde par un champ de force invisible. Face à ce phénomène inexplicable, un nouvel ordre social régi par la terreur s’installe, et la résistance s’organise peu à peu…
Un cadeau de 1584 pages, est-ce vraiment un cadeau? ( spéciale dédicace à Herr H.) 1584 pages du " maître incontesté de l'horreur" quand on n'est pas fan de Surnaturel, en plus, gloups. Je l'avoue j'étais un peu dubitative, genre ça, quoi
(Vous vous demandez sans doute ce que Jack-king-of-the-world vient faire ici? Patience, patience...)
Dubitative donc. Et finalement? Conquise! J'ai dévoré les deux tomes, d'affilée évidemment ( quand on connait mes tocs...), mais d'un bout à l' autre en mode "ohmondieuohmondieuohmondieu" ( "pitié pas ça!", "alléluia!" (bonds de joie) " oh non (snif snif) " "oh oui" (gloussements débiles) , "oh merde" etc etc, vous avez compris le principe je pense).
Et perdue ( vous remarquez la transition ?), je l'ai été, et pas qu'un peu : une liste de personnages à vous donner le vertige, une géographie tout aussi pointue, une Ville-héros dont les moindres recoins ont leur importance ( et qui fait l'objet d'un faux-vrai site internet, excusez du peu (avec liens, photos et plans, carrément!) ), il y a de quoi en perdre son latin. Mais très vite, on est emporté. C'est le mot : emporté. On rentre dans le Dôme au moment même de son apparition, et on ne le quitte que 1584 pages plus tard, un peu groggy, un peu déboussolé d'avoir vécu aussi longtemps en apnée. On lit ce livre comme on regarde une série télé (quoi? vous pensiez que je ne parlerais pas d' Under the dome, peut-être? Trailer ici, tiens), avec avidité, et une irrésisitible envie de savoir. De savoir quoi? Ce qu'est ce Dôme, bien sûr, mais surtout comment ILS vont faire pour essayer de s'en sortir, qui va vivre, qui va mourir, qui va souffrir, espérer, aimer, tenir tête ou subir, faire acte de bravoure ou se comporter en bon petit soldat. Les personnages sont à l'image du roman, très
américains, manichééens : très vite on sait qui sera du côté des gentils, et les méchants sont très méchants ( et très très tarés aussi, pour certains). Il n'empêche, on s'attache ( et on paie souvent cet attachement, croyez-moi, Stephen King est très très vilain avec ses personnages) Au milieu de cette stéréotypie ambiante, des petits moments de grâce, rien que ça. Vous vous souvenez de Titanic? ( coucou Jack!) Ben ça m'a fait pareil. Non, pas quand Léonardo lâche ( qui a dit enfin?) son bout de bois, plutôt quand la maman pauvre couche ses enfants et que les petits vieux attendent la mort en se tenant la main, vous voyez? Il y a de ça, dans " Dôme". Des instantanés d'humanité pure, un contact furtif, un regard vers une femme enceinte, une grand-mère qui emprisonne ses petits-enfants dans ses yeux, un professeur d'université rabougri ( mais pas de partout) qui se transforme en babysitter de choc, un GI bien dressé ( Sir!Yes sir!) qui brave les ordres pour un éleveur de vaches. Mais attention, je vous parle d'une infime partie du roman, là. Tout le reste est très violent, très noir, très apocalyptique ( en même temps, les Bisounours sous le dôme ça l'aurait fait moyen). Tout est "très", en fait. Et on se prend ce "très" en pleine face dès le début, puisque l'installation brutale du dôme plonge les personnages dans l'horreur. Du sang partout , c'est le titre d'un chapitre, mais c'est aussi un peu un résumé : c'est trash, glauque, sanguinolant au possible ( Le moteur du pick-up Datsun rebondit et coupe Velma en deux. La partie supérieure de son corps est projetée à travers le pare-brise, ses intestins traînant derrière elle comme des serpentins.). Peut-être pas 100% nécessaire en fait. Mais comme le dit l'auteur dans la préface ( dont je vous recommande la lecture) de Danse Macabre : Vous n’êtes pas ici pour rêver ou pour veiller mais pour entendre la voix de l’écrivain qui, doucement, méthodiquement, vous explique comment, parfois, les édifices les mieux structurés se désagrègent avec une brutale soudaineté. Il vous dit que vous avez envie de regarder l’accident d’auto et, ma foi, c’est vrai, vous en avez envie. Jusqu'à la fin.
Je l'ai déjà dit, je ne suis pas fan du Surnaturel. Il y a à l’autre bout du fil une voix d’outre-tombe… Il y a, derrière les murs de la vieille maison, un tel vacarme que des rats n’en peuvent être la cause… Il y a quelque chose qui bouge au pied de l’escalier menant à la cave… Au mieux ça me fait lever les yeux au ciel, au pire ça m'agace prodigieusement. J'en veux encore à Stephen King de la dernière partie de 22/11/63 (), c'est vous dire mon appréhension en commencant ce roman. Et pourtant, même si j'ai redouté "le moment où", ça s'est passé comme on arrache un sparadrap : moins douloureux que ce que l'on imaginait.
Je ne peux pas terminer cette chronique sans vous parler de la Marmotte. Pauvre, pauvre marmotte. Stephen King est vraiment cruel. Mais j'ai aimé ça. Et tout le reste.
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Julia 26/08/2014 11:41
LaFée 26/08/2014 16:28
Jacqueline 20/08/2014 17:35
Charabistouilles 19/08/2014 21:07
LaFée 20/08/2014 09:55
paikanne 19/08/2014 17:11
LaFée 19/08/2014 17:32
Valou076 19/08/2014 13:33
Cajou 19/08/2014 13:30
LaFée 19/08/2014 13:40
LaFée 19/08/2014 13:37