La Fée Lit

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)

"Trauma", Erik Axl Sund

"Trauma", Erik Axl Sund

"Frapper et caresser, d'abord protéger puis détruire."

Deuxième volet du triptyque suédois Les visages de Victoria Bergman, Trauma m'a littéralement scotchée, c'est assez rare que pour être dit tout de suite:-) Si vous vous souvenez de mon billet sur Persona , vous vous demanderez sans doute si j'ai ressenti les mêmes émotions fortes, si j'ai encore eu la nausée et si ce duo démoniaque a réussi à faire aussi bien que la première fois. Et bien non. Ils ont fait mieux. Vraiment mieux. Incroyablement mieux. Ces mecs sont de grands malades , je l'avais déjà dit, j'en ai eu (plus que ) la confirmation.

Le premier volume nous avait laissé sur un événement tragique et hautement stressant, qui sert de point de départ à celui-ci, événement relativement vite résolu (trop, à mon goût), mais dont on ne comprend pas encore bien toutes les implications (qui, j'imagine, seront développées dans le dernier tome). Quoi qu'il en soit, le ton est donné. On retrouve Jeannette la fliquette et Sofia la psy, aux prises toutes les deux avec leurs démons intérieurs, familiaux, amoureux, professionnels. Un vrai casse-tête chinois que vient encore compliquer une série de meurtres tous plus sanglants les uns que les autres et dont le dénominateur commun nous échappe. En effet , qu'est-ce qui peut bien rapprocher un important homme d’affaires retrouvé sauvagement assassiné et dépecé , une femme de la haute société morte une corde de piano autour du cou et le fils d’un haut fonctionnaire noyé dans une piscine municipale de la capitale? Rien, sauf un bouquet de tulipes jaunes. Tout en continuant en cachette de sa hiérarchie ses recherches sur l’affaire classée de jeunes sans-papiers assassinés, Jeannette mène l'enquête.

Vengeance, cruauté, violence, trauma et traumatismes. Tourbillon de sensations, puzzle qui vole en éclats. Dégoût. Horreur. Stupeur. Mais talent, tellement de talent. Dans l'écriture, d'abord. A 4 mains, comme si le TDI ( trouble dissociatif de l'identité) au cœur-même du récit n'était qu'une mise en abîme d'un dédoublement des auteurs. Troublant constat, présent jusque dans les mots, la ponctuation et la forme des chapitres, on s'embrouille, on se perd, et puis.... Comme dans Persona, un temps, un lieu, une personne et une action forme le cœur de chaque chapitre, mais on aperçoit, de loin, dans le noir, une connexion dangereuse ( qui est qui? qui est quoi? quoi est quoi? et vice-versa, à l'infini). Le talent, il est aussi dans l'infinie précision des personnages : Victoria est au cœur de l'intrigue, elle dérange, elle déroute, elle touche et elle perturbe. Le TDI est partout, documenté, exemplifié, presque magnifié, et surtout, il sert de prétexte à un délicieux jeu : tel est pris qui croyait prendre. On va de découverte en surprise, et bien malin sera celui qui aura trouvé la clé du mystère....L'ambiance est flippante, pesante, délicieusement malsaine, on se surprend presque à regarder derrière soi. Le seul mot qui me vienne à l'esprit, c'est

"Trauma", Erik Axl Sund

Vivement le mois de Mai, je vous le dis!

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