"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" (Jules Renard)
26 Octobre 2013
"A travers leurs ouvrages, les auteurs créent des liens et permettent à des gens qui ne se parleraient pas de se rencontrer, de se découvrir"
C'est un livre qui parle de livres. Plus exactement, c'est un livre qui parle d'un roman, qui lui-même débute par la lecture d'un livre, livre sans lequel rien ne pourrait commencer et rien ne pourrait finir dans cette jolie histoire, aussi jolie que son titre. C'est une matriochka littéraire de haut vol, donc, mais c'est aussi l'histoire de Maryline, une jeune libraire, mère célibataire d'un ado dégingandé qui se demande pourquoi elle perd son temps avec" ces tonnes de phrases inutiles qui ne permettent pas de changer le monde". Rencontre d'un livre, rencontre d'un homme, rencontre du passé, la vie paisible de la jeune femme va voler en éclats, et elle n'aura d'autre choix que d'affronter, dans la douce lumière de son "jardin de livres," tout ce qu'elle avait choisi d'oublier...
Dès l'épigraphe, j'ai été conquise: "La petite dame en son jardin de Bruges" est un de mes ouvrages préférés, et celui qui le cite avec autant d'à-propos ne peut pas être juste l'auteur provocateur du livre polémique dont il est tant question dans les médias ces derniers temps. J'ai donc décidé de laisser sa chance à Frank Andriat, et vous avez déjà compris que je ne le regrette pas.
Ce livre est une bulle de douceur et de lumière, donc, comme l'indique son titre. La relation qui unit Maryline à ses livres, mais aussi à son fils, et à ces fantômes du passé qu'elle n'a pas oubliés, cette relation baigne dans une atmosphère tendre et délicate à la fois. On aime Maryline comme elle aime ses livres, avec passion et délicatesse: si "chaque livre est une âme", celui-ci est celle de son héroïne, profondément touchante, du début à la fin, dans le passé et le présent qui s'entremêlent dans une jolie pirouette narrative. Bien sûr, les événements qui s'enchainent sont un poil improbables, les coïncidences trop nombreuses que pour être crédibles, et le récit perd de son intensité lorsque tous les éléments se rejoignent dans ce qui ressemble un peu trop à un happy end de série américaine. Mais ce n'est qu'accessoire, selon moi. Ce qui compte, c'est la délicatesse de l'histoire, si joliment servie par le style de l'auteur, tellement poétique sans être ringard, tellement juste et pourtant parfois tellement suranné (qui oserait encore utiliser le mot " tintinnabulement"). C'est ce style, justement, qui parfois m'a fait grincer des dents et qui constitue donc le seul vrai bémol à mon enthousiasme. Poétique, il est vrai, mais parfois trop, vraiment trop. Le choix de la métaphore filée de la lumière est charmant, mais poussé à l'extrême, et il en devient parfois ridicule. Le champ lexical est sur-utilisé, le terme même de "lumière" revenant de façon quasi monomaniaque et obsessionnelle plusieurs fois par page, et ce sans le moindre intérêt dans certains cas.
Quoi qu'il en soit, "jolie libraire dans la lumière" fait partie de ces livres qui nous font prendre conscience de la chance que nous avons d'être des lecteurs, et qui nous " rappelle(nt) avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies", pour notre plus grand bonheur.
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Mira 14/07/2014 09:54
titoulematou 11/11/2013 16:05
LaFée 27/10/2013 14:39
Cécile 27/10/2013 08:38
Philippe D 26/10/2013 21:31
argali 26/10/2013 20:57
Jacqueline 26/10/2013 17:23
Denis Arnoud 26/10/2013 16:18
Cajou 26/10/2013 16:07
paikanne 26/10/2013 15:37
sophie 26/10/2013 15:31